Journée des solidarités

Evoquer le regard de l’autre, c’est interroger notre rapport à autrui. C’est, plus globalement, dire notre conception de la Cité. L’écrivain et essayiste Amin MAALOUF a écrit que notre regard enferme souvent les autres dans les plus étroites appartenances, mais qu’il peut aussi les libérer.

 

Changer le regard porté sur l’exclusion et la pauvreté, cela signifie, en effet, libérer les plus exclus et les plus démunis ; les libérer des idées reçues qui les emprisonnent dans une identité sociale réductrice et les enferment, parfois, dans une culpabilité dévastatrice. Et, inversement, cela signifie aussi libérer le regard de celles et ceux que ces mêmes idées fausses aveuglent.

 

En choisissant ce mot d’ordre – changer le regard sur l’exclusion et la pauvreté – comme thème de la de la Journée des solidarités et de la table-ronde qui vient de s’achever, nous souhaitions nous associer aux initiatives prises, cette année, par ATD Quart Monde ou encore Emmaüs. Mais, finalement, en faisant ce choix, nous ne faisons que rappeler l’objectif fondamental de la Journée des solidarités. Nous ne faisons que rappeler – pour la cinquième fois consécutive – le combat que nous menons ensemble.

 

La Journée des solidarités symbolise, en effet, ce combat contre les préjugés et, dans le même temps, notre détermination à promouvoir le « vivre-ensemble » dans le 11e arrondissement.

 

Nous n’oublions pas la longue tradition d’accueil et d’entraide qui le caractérise. Mais, nous savons, aussi, qu’aller au-devant des autres, ceux que nous ne connaissons pas, ceux qui vivent une autre réalité que la nôtre, nécessite un effort sur soi.

 

Vivre ensemble, et non les uns dans l’indifférence des autres, n’est pas chose aisée. Cela demande, effectivement, un effort de chacun pour tous et de tous pour chacun. Cette alchimie, qui donne à un territoire toute sa force ; il faut la rechercher, il faut la vouloir !

 

Elle est forcément, d’abord, le résultat d’une volonté politique partagée.

 

La Journée des solidarités en est le signe tangible. Et, c’est la raison pour laquelle nous y attachons une importance toute particulière et qu’elle constitue, désormais, un moment central de notre vie collective, de la vie du 11e arrondissement.

Cette volonté s’est exprimée tout au long des six années qui s’achèvent. Et, je souhaitais – ici – vous remercier très sincèrement de votre contribution essentielle à ce « vivre-ensemble ».

 

Que vous soyez responsable associatif, éducateur spécialisé, professionnel de santé, travailleur social ou encore bénévole, nous vous devons beaucoup. Il me semble donc juste de saluer, une nouvelle fois, votre engagement, surtout dans le contexte actuel.  Chacun sait que la crise économique frappe durement notre pays depuis 2008. Nous en constatons encore les conséquences sociales. La pauvreté concerne, aujourd’hui, 8, 7 millions de personnes et tout doit donc être mis en œuvre pour la combattre.

 

L’action que vous menez s’avère d’autant plus fondamentale dans cette période de crise. La Collectivité parisienne a, pour cette raison, accru fortement son soutien aux acteurs de terrain.

 

La Municipalité du 11e  a, elle-aussi, fait de la question sociale sa grande priorité : sous l’impulsion de Jacques DAGUENET auquel je souhaite rendre un hommage tout particulier en ce jour, nous nous sommes mobilisés pour faire – comme il aime lui-même à le dire – du 11e arrondissement, un territoire toujours plus solidaire.

 

Ainsi,

–       dans quelques semaines, nous aurons la satisfaction de voir s’ouvrir, dans le 11e, une seconde Maison relais (après celle gérée par le Centre d’Action Sociale Protestant au 52, rue Servan). Située au 6, rue Saint-Maur et gérée par l’Association Vivre, elle permettra d’héberger vint-cinq personnes en souffrance psychique ;

 

et

–       pour le quatrième hiver consécutif, nous contribuerons au dispositif de mise à l’abri parisien. Vingt personnes sans domicile fixe seront, si le froid arrive, hébergées par l’Association Aurore dans la Salle municipale Jean Aicard (dans laquelle la Mairie du 11e a fait réaliser des travaux afin d’améliorer les conditions d’accueil de ces personnes).

 

Ces deux exemples montrent la force de notre engagement en faveur des plus démunis. Ainsi que notre volonté de venir en aide à tous les publics, même si cela soulève, parfois, des interrogations ou suscite des craintes.

Ignorer les questionnements des habitantes et habitants du 11e serait une erreur. Lutter contre les préjugés suppose, en effet, un travail de pédagogie en direction de ceux-ci. Et, l’efficacité commande que nous le menions tous ensemble ; c’est-à-dire y compris avec les personnes accueillies et accompagnées.

 

Faire vivre le « vivre-ensemble » nécessite, de la même façon, une démarche concertée. Car il s’agit de prendre en considération les préoccupations des uns comme celles des autres, les intérêts des uns comme ceux des autres.

 

Lorsque des riverains m’interpellent sur la présence de personnes sans domicile dans les rues du 11e, il nous appartient d’apporter une réponse équilibrée.

 

La seule réponse possible, à mon sens, consiste à concilier deux exigences, deux devoirs : celle de venir en aide aux personnes en situation d’exclusion et celle d’un partage équilibré de l’espace public entre ses divers usagers.

 

Rechercher une réponse équilibrée ou juste, dans un territoire tel que le 11e, dense et complexe, demande un réel effort. Mais, il est indispensable, incontournable.

 

Je disais – au début de mon propos – que réfléchir sur le regard porté sur autrui, c’est, au fond, interroger notre conception de la Cité.

 

Depuis mon élection, mon unique préoccupation a été et restera jusqu’au terme de mon mandat, de rechercher, pour chaque question posée, la meilleure des réponses possibles.

 

Ou, plus exactement, la plus juste possible. Car, notre plus grand devoir, en tant qu’élu, consiste à déterminer l’intérêt général.

 

Je suis convaincu, qu’avec votre aide et votre soutien, nous continuerons à poursuivre cette belle ambition : donner, à toutes et tous, une place dans le 11e arrondissement afin que chacun puisse regarder l’autre comme un membre à part entière de la Cité, comme un contributeur indispensable de ce « vivre-ensemble » dont nous rappelons toute l’importance aujourd’hui.